RETOUR D’EXPÉDITION : « ROCAS Y TAPAS »

PAYS
FRANCE

SPORT
CYCLISME ET ESCALADE

DURÉE
17 JOURS

À la Conquête des Sommets Pyrénéens : L’épopée de trois grimpeurs cyclistes

Le jeune trio composé de Valentin, Martial et Marco, a prévu de parcourir les Pyrénées à vélo en quête de voies et zones d’escalade en été 2023. Une expédition qui s’est étendue sur un total de 7 massifs en effectuant 2200m de grimpe et 500 km de vélo.

Depuis combien de temps pratiquez-vous l’escalade et le vélo ?

Nous avons commencé l’escalade il y a 7-8 ans ensemble. Nous sommes autodidactes dans la discipline. Nous avons commencé par de l’escalade sportive en falaises puis peu à peu commencé les grandes voies dans nos vallées pyrénéennes. Les débuts nous ont conduit dans de belles aventures où nous avions sous-estimé l’engagement des courses. En effet, n’ayant aucune expérience en escalade/montagne, l’équipement et la longueur des courses nous ont souvent compliqué la tâche. Les « hors-délais » étaient le maître mot de nos sorties.

Notre rythme de grimpe n’étant pas très soutenu, la progression a été assez longue. Aujourd’hui nous arrivons à nous engager dans des grandes voies en ED équipées ou non. Ça nous permet de parcourir pas mal de jolies voies dans les Pyrénées et ailleurs.

Nous avons commencé le vélo assez jeune comme tout le monde, mais ce sport n’est pas resté notre discipline principale pour Marco et Valentin. Cependant, Martial en fait régulièrement. C’est aussi un beau terrain de jeu pour le VTT par chez nous, donc on ne s’en prive pas.

Pourquoi avoir choisi ce projet et ces étapes ? Pourquoi cet objectif ?

Nous souhaitions continuer à grimper dans nos belles Pyrénées sur une période plus longue pour réussir à enchaîner plusieurs journées de grimpe dans une sorte de vacances sportives. Afin de pimenter notre idée, on a décidé de faire toutes les liaisons à vélo dans un esprit écologique et de continuité de l’effort. Ce moyen de locomotion permet également d’avoir une certaine liberté et permet de mieux apprécier l’environnement, comme les paysages et beaucoup de détails difficilement visibles en voiture.

Ayant déjà parcouru de nombreux spots de grimpe Pyrénéens, nous avions envie de les revoir pour certains et d’en découvrir de nouveau. Pour les zones déjà connues, l’objectif a été de les redécouvrir en grimpant de nouvelles voies majeures.

Depuis combien de temps aviez-vous planifié cette expédition ?

L’idée du projet est récente, elle est née à l’automne 2022 dans une période assez creuse. C’est en général dans ces périodes que nous avons le temps de réfléchir à ces projets. En effet, le manque d’aventure se fait sentir dans cette période et permet de s’ouvrir à de nouveaux objectifs.

Valentin propose à l’équipe le projet de façon très simple : « ça vous dit un trip de 15 jours pour faire de l’escalade dans les Pyrénées avec les liaisons à vélo ?». 5 minutes après, deux « oui » fermes sont reçus et le projet est lancé.

PHASE D’APPROCHE

Comment s’est déroulée l’arrivée au point de commencement de l’expédition ?

Ici pas d’avion, nous sommes simplement rentrés de nos lieux de travail respectif en direction de notre vallée. On s’est donné rendez-vous à Luz Saint Sauveur assez tôt le matin du samedi 24 juin pour préparer notre départ.

Description de l’expédition 

Jour 1 : LUZ SAINT SAUVEUR – REFUGE DU LARRIBET (41,2 km – 1070 m D+)

On se donne rendez-vous assez tôt le matin pour finir de préparer les sacs, puis rejoignons Intersport à Luz pour récupérer les vélos. Vincent nous fait un briefing sur le matos de réparation et nous donne un kit complet. Après les préparatifs, on part direction le Pont Napoléon pour réaliser quelques belles images avec Florian, Baptiste et César qui nous suivront jusqu’au départ du chemin pour aller à notre premier refuge.

On part ensuite en direction de la maison du parc national du Val d’Azun, à 45 km. On pose les vélos puis on entame l’ascension vers le refuge du Larribet à 1h30. Un premier bel échauffement pour cette première journée.

Jour 2 : REFUGE DU LARRIBET – LARUNS (30,6km – 1030 m D+ | Symphonie souletine 7a+ 250 m)

Départ à 7h du matin en direction du triangle d’or en passant par les lacs de Batcrabère. Marco se lance dans la première longueur de « Symphonie Souletine » (ED 7a+ 250 m) sur un granit plus que parfait. Les premières longueurs s’enchaînent bien. Nous attaquons ensuite la 4ème longueur face à nous puis dérivant sur la gauche sur une traversée malcommode pour atteindre le relais. On continue sur une belle longueur en 6a+, puis nous arrivons à la longueur clé en 7a+. Valentin continue devant mais chute à quelques spits du relais, les bras pétés. Il arrive au relais dans un deuxième temps.

Puis on rejoint la dernière longueur de « Renforts Estivaux », voie voisine de la notre pour finir au relais final (5h dans la voie). 5 rappels plus tard, nous voilà en direction des vélos pour une descente d’environ 2h.

On récupère les vélos et on enchaîne le col d’Aspin puis le col d’Aubisque, suivis par Florian, Baptiste et César pour immortaliser le moment. Le paysage est incroyable avec une mer de nuage fabuleuse. Puis on redescend en direction de Laruns situé dans une épaisse brume très humide. On arrive au Camping vers 23h30 trempés. On monte dans le camp de base. Ça sera un repas de lyophilisés pour dîner. Repas bien loin des tapas prévus…

Jour 3 : LARUNS – REFUGE POMBIE (28,5 Km – 1280 m)

Départ pour le col du Pourtalet, col à la frontière entre la France et l’Espagne (30 km). On subit une attaque de Marco au kilomètre 15, sans doute en mode TURBO, nous le retrouverons seulement au sommet.

On pose les vélos et les remorques à l’hôtel du Pourtalet, nous garantissant la sécurité du matériel. Puis on entame la marche d’approche vers le refuge Pombie situé en face sud du pic du Midi d’Ossau (1h30).
Petite bière et saucisson avant d’aller se baigner/laver au lac en contrebas, sorte de cryothérapie avant le repas prévu à 19h. On discute avec Léon, gardien du refuge, sur la course envisagée. Il nous explique que le mieux à faire après être sortis de la voie est de monter au sommet du Grand pic du Midi d’Ossau. Personne n’y est encore allé donc ça sera l’occasion et peut être d’apercevoir notre point de départ, le Pays Toy. Super ambiance et bon repas au refuge. On se met au lit rapidement pour être en forme pour la grosse journée du lendemain.

Jour 4 : REFUGE POMBIE – BIESCAS (27.5km | Pilier de l’Embarradère – Voie Ravier 6c+ 350 m)

Réveil à 4h45, seuls dans le refuge on déjeunera à la frontale. Départ à 5h30 pour le pilier de l’Embarradère en face nord de l’Ossau pour réaliser la « Voie Ravier » (ED 6c+ 350m). On arrive au pied du pilier en 1h30 et trouvons après 30 min de recherche l’accès à la rampe menant à R0. Un accès délicat en basket dans un mauvais rocher. On décide de mettre la corde et de faire une longueur. On marche sur la rampe avec méfiance pour arriver à R0.

L’austérité de la face refroidit l’équipe, et on vote à l’unanimité que Valentin mènera l’équipe au sommet.

Les quatre premières longueurs s’enchaînent bien sur une roche s’améliorant au fur et à mesure. On arrive au premier crux de la voie en 6c avec un départ très bloc au-dessus du relais. Les pitons en place permettent de tirer pour passer sans tomber sur les copains. À R6 on attaque la longueur d’artif qui est très bien équipée A1 et permet de passer assez rapidement. Le gaz est impressionnant, pendus sur les vieux pitons en place. Nous finissons la voie par un joli 6a et sortons au sommet du pilier de l’Embarradère.

On se prend un petit moment pour se féliciter, manger un bout et ranger le matériel. Après un petit détour, nous montons vers le sommet par les dalles blanches et rejoignons le sommet. La vue est incroyable sur toutes les Pyrénées. Nous sommes seuls là-haut.  À la vue de notre objectif, nous accélérons le pas à la descente et rejoignons le refuge en 1h15. Nous retrouvons Léon et quelques guides locaux. Nous discutons de la journée et de notre projet ensemble. Leur gentillesse et leur bonne humeur nous font oublier la fatigue un court instant.

Nous reprenons la route en direction du col du Pourtalet pour récupérer les vélos. Nous basculons enfin côté espagnol et descendons 27.5km jusqu’à Biescas. Nous finirons à la frontale. Nous montons la tente et mangeons les derniers vivres qu’ils nous reste et partons nous coucher bien fatigués.

Jour 5 : BIESCAS – TORLA ( 25,5 km – 660 D+)

Réveil en douceur après une bonne nuit de sommeil. Gros petit déjeuner à l’espagnole et quelques « backflips » dans la piscine nous redonnent le sourire.

Pour midi, enfin le début des tapas que nous savourons un peu plus que le repas lyophilisé de la veille. Après ça, direction Torla, village proche du parc national d’Ordesa. Petite étape de 25 km.

Après avoir monté le camp, nous faisons un point météo pour le lendemain. Des orages sont annoncés à 10h. Pas de risque inutile, on ne grimpera pas le lendemain. Étant donné la journée Off du lendemain, nous partons au restaurant avec l’ambition de fêter ces premiers jours difficiles. L’état d’ébriété arrive assez rapidement avec la fatigue. Ce moment de plaisir finit par un peu de freeride à vélo dans les rues de Torla.

Jour 6 : TORLA – Jour OFF

Jour de repos, nous permettant de faire un peu de bricolage sur les vélos et de commencer à voir l’impact de cette journée sur le planning. Nous faisons un peu de VTT sur les chemins autour de Torla. Nous préparons le matos et l’itinéraire pour le lendemain.

Jour 7 :  TORLA | Las Brujas – Franco-Espagnole 6b+ 400m 

Réveil 5h pour prendre le bus de 6h en direction d’Ordesa. Deux autres grimpeurs sont à l’arrêt de bus avec nous, partant dans la même voie “Las Brujas / Franco-Espagnole” au Tozal del Mallo (ED 6b+ 350 m). Nous commençons l’approche à la fraîche en compagnie de nos nouveaux compagnons. Après 1h d’approche, nous sortons de la forêt et apercevons au loin le Tozal del Mallo. Nous prenons le temps de contempler le paysage et repartons en direction de la voie. Nous finirons par laisser passer la cordée espagnole devant nous.

Nous levons les yeux et admirons la verticalité de la paroi, chose récurrente sur les voies d’Ordesa. En effet, la majorité des voies sont très verticales même dans les cotations faciles. Les bonnes prises et la qualité du rocher permettent d’évoluer sereinement.

Nous voilà parti pour 400 m en 6b+. Cette voie est un mixe entre deux voies du Tozal del Mallo, elle prend les meilleures parties des deux. Une “pansas” permet de rejoindre facilement le deuxième itinéraire. Nous enchaînons les premières longueurs assez rapidement en suivant nos compères espagnols. La voie est assez équipée en pitons dans les sections plus dures et notamment dans le crux. On alterne entre dièdres et surplombs. On arrive à la vire où l’on s’accorde une bonne pause. Pendant que Marco grimpe, nous jouons tranquillement au morpion en gravant le plateau de jeu sur la roche. Après 3 manches entre 3 longueurs, le score restera de 1-1.

Nous enchaînerons tranquillement les 13 longueurs en 7h-8h. Arrivés au sommet, le spectacle est grandiose avec une vue imprenable sur le canyon d’Ordesa. La beauté du paysage rend la marche du retour plutôt agréable malgré la fatigue.

Jour 8 :  TORLA – AINSA – EL PLANO (62 km – 720m D+)

Départ pour El Plano, à 60 km. Nous rejoignons Ines et Lisa dans le quartier historique de la ville pour manger quelques tapas et boire une bonne bière.

Puis direction el Plano, zone de campement proche de la Peña Montañesa. On s’arrête en bord de rivière pour s’accorder une petite baignade. On reprend les vélos et on arrive à El Plano. L’endroit est très calme et nous avons une superbe vue sur toute la Peña Montañesa. Nous apercevons l’objectif du lendemain. Notre campement est situé à côté d’une très belle auberge en pierres où nous dinerons le soir même. On se lance sur le menu du jour, les quantités dans les assiettes sont démesurées. Nous arrivons tant bien que mal au bout et partons nous coucher le ventre plein.

Jour 9 :  EL PLANO – CAMPO (29km – 470m D+ | Los funcionarios de la montañesa 6c 160m)

Première journée où l’on attaque par une approche vélo qui nous fait gagner un peu de temps à la montée mais qui nous en fera gagner beaucoup plus à la descente. Notre objectif de la journée est une voie située au canal Mayor sur la Peña Montañesa, une voie relativement courte mais avec une belle continuité. 45 min de vélo plus tard, on commence la fin de l’approche à pied. Une montée sèche dans un mauvais pierrier nous fait prendre de l’altitude rapidement. Nous passons sous un très beau massif rocheux en forme d’arche. On atteint le pied de la voie en sueur après quelques minutes de recherche pour trouver R0. Les longueurs alternent entre fissures et dièdres. On se répartit les longueurs en tête pour que chacun puisse s’exprimer. Nous finissons la voie en 3h puis redescendons en rappel. Une voie express de qualité.

La journée n’étant pas finie, on reprend les vélos et on atteint notre camp de base rapidement. On rejoint Ines et Lisa rentrées elles aussi de leur rando. Une fois n’est pas coutume, on s’arrête manger un bout à l’auberge et on s’attaque de nouveau au menu gargantuesque. Après avoir remonté les remorques sur les vélos, on part direction Campo, ville située proche du massif du Turbon.

Jour 10 :  CAMPO – PONT DE SUERT (70km – 1250m D+ | Turbo Gym 6b 200m)

Réveil à 5h très difficile pour l’équipe. L’accumulation des 10 premiers jours se fait sentir. On part vers le Turbon à la frontale. Après 45 min de vélo, ne pouvant plus avancer, nous les posons dans la forêt à l’abri des regards.

Nous commençons l’approche à pied sur un sentier très raide en direction de la paroi. Les mollets fumants, nous arrivons à R0 départ de « Turbo Gym » (6b, 200m). Vue d’en bas, les longueurs ont l’air très raides. L’équipe est assez fatiguée et n’est pas très motivée pour partir devant. Martial se dévoue pour attaquer la première longueur qui est à protéger intégralement. Il fait un relais sur un arbre mort. Les seconds le rejoignent.

L’équipe fait face à un joli dièdre sortant au sommet. Notre itinéraire emprunte ce dièdre sur deux longueurs puis dévie sur la gauche. Les longueurs sont assez sauvages sur un caillou plus ou moins bon. On enchaîne les premières longueurs et on arrive au crux. Le passage n’est pas extrême mais assez exposé. On sort au sommet.

On redescend en rappel et on récupère les vélos. Le freeride peut commencer sur un sentier bien raide et technique. On part sur un sentier inconnu dans la forêt en contrebas. Le choix est vraiment très bon, on essaie de lâcher un peu les chevaux. On reprend la route avec la banane, cette descente nous a donné de l’énergie pour continuer. En descendant, Valentin se rend compte que sa cassette est complètement desserrée.

Arrivés au camping, on essaie de trouver une solution pour resserrer la cassette du vélo. Par chance, le gérant du camping avait la clé qu’il nous fallait. On part donc faire un peu de mécanique, on resserre la cassette, on remonte l’axe du vélo et là c’est la catastrophe : en resserrant les ergots des remorques (pièces qui se vissent sur l’axe de la roue arrière), la vis se casse dans l’axe. À ce moment-là, on a conscience que ce problème pourrait nous rendre la suite très difficile. Nous réfléchissons à plusieurs solutions alternatives, abandonner une remorque et rouler avec les sacs sur le dos, attacher les remorques les unes derrière les autres sur un vélo ou bien une par-dessus l’autre.

On cherche les magasins de vélos aux alentours susceptibles de nous réparer l’axe ou bien pour acheter un nouvel axe avec de nouveaux ergots. On part se coucher avec l’espoir qu’on va trouver une solution.

Jour 11 : PONT DE SUERT – BAGNÈRES-DE-LUCHON (75 km – 1350 m D+)

Le lendemain matin, nous partons en direction de Pont de Suert à la recherche d’une solution à notre problème. Nous arrivons chez Pinyi Bicis et nous rencontrons le propriétaire. En voyant son magasin/atelier nous espérons qu’il pourra nous aider. On lui explique notre problème. Il réfléchit un court instant avec un visage très pessimiste mais 10 secondes après, il nous dit qu’il a trouvé la solution. Soulagés, nous partons faire un bon petit-déjeuner le temps qu’il nous fasse les réparations.

Nous revenons 1h après, la remorque montée sur le vélo et discutons avec notre sauveur. Nous comprenons rapidement que nous avons affaire à une pointure de la réparation vélo et également à un fan de remorque. Il nous explique qu’il avait parcouru Calgary-Ushuaïa à vélo-remorques pendant 3 ans étant plus jeune. Il nous raconte également quelques anecdotes croustillantes vécues pendant son voyage. Après ce moment très convivial, nous remercions notre « mécano » et repartons très soulagés vers notre camping.

Nous reprenons désormais la route vers Bagnères-de-Luchon, une belle étape de 70 km et 1250 m de D+. Le début est relativement plat mais se raidit au fur et à mesure vers le col du Portillon. Nous traversons par le tunnel de Vielha, gentiment escortés par les agents du tunnel. Valentin avait encore en travers de la gorge l’attaque de Marco au col du Pourtalet et en lance une à son tour. Marco ne peut pas suivre et explose sur les derniers kilomètres du col. Après une très belle descente, on arrive à Bagnères-de-Luchon.

Jour 12 :  BAGNÈRES-DE-LUCHON – CAP DE LONG (64 km – 2530 m D+)

Départ matinal en direction de Saint-Lary Soulan, étape intermédiaire pour manger un morceau et recharger un peu les batteries. On passe dire bonjour à nos amis d’Intersport Saint-Lary.

Nous doublons 2 cyclistes affutés dans l’ascension finale du lac d’Orédon en les charriant avec humour. Le karma a bien fait les choses puisque à peine 2km plus tard, Valentin tombe en panne de batterie et les deux compagnons nous doublent en nous charriant à leur tour. Nous prenons une légère leçon… La batterie à plat, impossible de repartir. Nous finirons par le tracter à l’aide d’une sangle.

S’en suit l’arrivée au refuge, nous prenons une planche de charcuterie accompagnée de la bière locale. Nous en profitons pour discuter de la journée du lendemain. On avait sélectionné la voie quelques jours avant, voie située au bord du Lac de Cap de Long. Des orages sont annoncés vers 10h du matin. On croit à notre bonne étoile et on part se coucher en espérant avoir une bonne surprise le lendemain….

Jour 13 :  CAP DE LONG – PAYOLLE (47 km – 824m D+ | Lune de miel 7a 200m)

Réveil très tôt au vu des orages annoncés, nous sommes encore seuls à déjeuner dans ces horaires. Nous partons du lac d’Orédon pour rejoindre le lac de Cap de Long situé à 5km de notre refuge. Nous assistons à un très beau lever de soleil sur toute la vallée d’Aure et les sommets alentours. La météo est bonne pour l’instant. Après 30 min de vélo, nous arrivons au pied de la voie et pour une fois, l’approche est inexistante, à peine 1 minute montre en main.

Martial entame la première longueur de « Lune de Miel » en 7a sur un granit parfait. L’attaque se fait sur un terrain facile puis arrive sur une dalle lisse. Martial déchiffre la méthode avec justesse et arrive à libérer cette longueur qui, à froid, n’était pas évidente. Les deux seconds arrivent également à enchaîner la longueur. Marco prend le relais et enchaîne une très belle longueur en 6a+. Ensuite, il enchaîne sur une longueur en 6b+ pas commode. Du relais, nous apercevons le toit à passer. Une erreur de lecture lui vaudra une belle chute au niveau du toit, moment immortalisé par Martial qui a senti le risque. Marco finit par passer et nous fait venir. Il est 10h et la météo est encore correcte. On reçoit quelques gouttes de temps en temps mais cela n’entrave pas notre motivation.

Au tour de Valentin, qui avance bien dans les 20 premiers mètres, ne voyant pas le relais R4, continue vers le sommet et réalisant une longueur de 60 mètres. Arrivés au sommet, on se fait attaquer par une horde de fourmis rouges très agressives, nous laissant à peine le temps de contempler le paysage.

La météo commence à tourner. Nous descendons donc rapidement aux vélos. De là nous descendons vers Saint-Lary pour déjeuner dans un super restaurant bretons. Nous repartons avec les jambes coupées suite aux quelques bolées de cidres engloutis. On se dirige vers notre point d’arrivée, le lac de Payolle. Nous passons par la Hourquette d’Ancizan puisque le col d’Aspin est bloqué par le Tour de France. Une très agréable montée dans la forêt. L’ombre et l’odeur des champignons nous font accélérer la cadence. Seuls des bolets de Satan furent trouvés durant l’ascension.

Jour 14 :  PAYOLLE – REFUGE DE LA GLÈRE (36 km – 2000m D+)

Départ vers 9h vers le col du Tourmalet. Nous rejoignons Baptiste, Florian et César à La Mongie pour petit-déjeuner. C’est le lendemain du passage du Tour de France et comme chaque année une course d’amateurs est organisée sur la même étape.  Nous doublons beaucoup de cyclistes avec nos remorques, ce qui nous a valu quelques réflexions. Voyant nos vélos électriques, nous avons entendu quelques “tricheurs” en les doublant à 20 km/h sans trop forcer. On franchit le col du Tourmalet avec quelques dizaines d’autres cyclistes.

On entame la descente avec pour ambition de dépasser le record de vitesse enregistré avec remorques depuis le début du trip, mais aucun de nous arrivera à aller au-delà des 62,7 km/h.

On fait une escale chez nos amis de la Couquelle pour déjeuner. On clôture le repas par un bon génépi (très bon pour la digestion) et entamons l’ultime ascension de notre expédition. On arrive au refuge de la Glère à vélo en fin de journée. L’équipe de tournage monte également au refuge. Le temps se gâte et l’orage arrive. Il éclate violemment durant notre dîner, déposant une fine couche de grêle sur le massif. On espère que cet épisode n’aura pas mouillé la voie du lendemain.

Avant de se coucher, on se réunit avec l’équipe pour jouer à des jeux de société tout en discutant de l’organisation du lendemain. On notera la partie d’échec épique entre Valentin et César, qui aura mis les nerfs des deux amis à rude épreuve.

Jour 15 :  REFUGE DE LA GLÈRE – LUZ-SAINT-SAUVEUR (SUPER TANGO 7a+ 220m)

Départ matinal pour tout le monde en direction du Grand pic d’Espade. L’objectif de la journée est de grimper la voie « Super Tango » ( ED 7a+ 220m). Après 1h30 d’approche nous arrivons au pied de la voie. La première longueur est mouillée, résultats de l’orage de la soirée. Des tas de grêlons sont présents un peu partout autour de nous. Le caillou est froid et la première longueur est technique. Valentin part avec un léger onglet qui finira par en devenir un vrai à la fin de la longueur. Le vent souffle continuellement sur la face, les conditions sont presque hivernales. Après un bel échauffement dans la première longueur, nous arrivons au premier crux en 7a+, une dalle très technique comportant deux petits ressauts à franchir. Les prises mains se font rares, tout se joue sur le placement du corps et des pieds. Valentin arrive à enchaîner la longueur. Marco et Martial peinent à franchir le crux de la longueur mais enchaînent remarquablement la suite. On enchaîne par une longueur de 50 m en 6c où les prises sont plus présentes. Très belle longueur, très « conti ». Les bras fument un peu au relais.

On enchaîne sur une longueur en 6b+ assez physique au début, mais plus facile sur les derniers pas. L’ultime crux est en vue. Valentin enchaîne les 6,7 premiers spits sans trop de soucis et tente de se refaire les bras sur un mauvais repos. Après 2 minutes d’analyse au niveau du crux, il se lance sur un mouvement traversant aux mauvaises prises puis atteint un dièdre qui le sort d’affaire. Superbe voie dans la globalité avec un granit exceptionnel.

Après 5 rappels nous atteignons le sol. Nous partons en direction du refuge de la Glère pour récupérer les vélos. Nous descendons sur la piste puis rejoignons un chemin de VTT (« la Pierre Polonaise ») pour finir en beauté notre voyage. Les sacs de grimpe sur le dos, les bras fument dans les parties raides du chemin. Nous récupérons à Esterre les remorques que Florian, Baptiste et César nous avaient gardées puis descendons vers notre point d’arrivée INTERSPORT. Nous avons reçu un très bel accueil de la part de tout le personnel du magasin et pour fêter cela, nous nous attablons avec toute l’équipe pour déguster une grande bière.

Pour finir, petite soirée avec nos amis chez DUDU récemment reconverti en Bar/Tapas, parfait pour rester dans le thème de l’expédition.

DIFFICULTÉS

Quelles difficultés avez-vous rencontrées pendant l’expédition ? Comment les avez-vous surmontées ?

L’enchaînement des quatre premiers jours nous a vraiment éprouvé, notamment l’enchaînement au pic du Midi d’Ossau. On avait prévu un jour beaucoup plus cool derrière pour se refaire avec la piscine au camping.

Nous avons dû réorganiser le planning dû au mauvais temps à Torla à J6. On a envisagé plusieurs options pendant de longues discussions pour finalement trouver un bon compromis : grimper toujours 7 voies en trouvant deux nouveaux spots assez proches de la boucle initialement envisagée. On a donc choisi le massif du Turbon et Cap de Long. Les journées ont été moins cool que ce qu’on avait prévu puisque sur quelques jours, on a dû cumuler vélo-escalade-vélo.

Enfin, le passage de la fixation-remorques (Voir récit J11).

ÉMOTIONS

Quels types d’émotions avez-vous ressenties ? Quand ? Comment y avez-vous fait face ?

Je pense qu’en 15 jours, sur ce type de voyage, on arrive à faire le tour du catalogue des émotions. Les moments de réussite, d’échec et de difficulté qui s’enchaînent nous ont fait passer par la joie, la peur, l’admiration, la colère, l’amusement, la tristesse, le soulagement, l’excitation… Tout y est passé.

Un souvenir mémorable ? Votre meilleur moment passé ?

Le Col d’Aubisque (voir récit J2) et le sommet du Grand pic du Midi d’Ossau (voir récit J4).

Les arrivées en haut de chaque voie.  Même s’il y en a des plus belles que d’autres, le bonheur est toujours intense à l’arrivée, et surtout il est partagé.

Votre pire moment passé ? 

La descente du col d’Aubisque vers Laruns dans une brume épaisse et très humide (voir récit J2).

L’accès au R0 de l’Embarradère, en basket, sans corde, et dans un rocher péteux. On a dû s’encorder sur une mini-vire « dégueu », des nœuds dans la corde, bref, rien qui va bien quoi.

Le réveil à Campo le J10, fatigué, mal au corps, mal au ventre… Si tous les matins avaient été comme ça, on n’aurait pas tenu 2 jours…

Que retirez-vous de cette expérience ? En sortez-vous grandis ? De quelle manière ? 

Sur le coup, ce sont des moments horribles, on a l’impression que tout est contre nous et on se demande ce qu’on fait là. Mais bien souvent, quelques minutes plus tard, de nouvelles émotions surviennent et ces difficultés deviennent des “bons souvenirs” à raconter aux copains.

Y-a-t-il quelque chose que vous auriez fait différemment ?

J’aurais installé 3 remorques au lieu de 2 pour mieux diviser le poids et améliorer l’organisation du matériel.

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